Journée mondiale du climat mardi, négociations européennes sur le sujet hier et avant-hier, et aujourd’hui sommet pour célébrer le 5ème anniversaire des Accords de Paris : une semaine importante pour le climat et l’occasion de revenir sur les avancées ainsi que sur les enjeux du changement climatique notamment pour le secteur de la Mode.
Petit rappel
Le 12 Décembre 2015, dans le cadre de la COP21, 189 pays s’accordaient à Paris pour limiter la hausse des températures à 2°C d’ici la fin du siècle, voire idéalement à 1,5°C. Cinq ans plus tard, et malgré la crise sanitaire que nous connaissons, les choses ont bien évolué et selon les estimations du Climate Action Tracker, » nous avançons vers la décarbonation de l’économie« .
Les engagements ont en effet tenu et se sont accélérés pour certains avec des objectifs de neutralité carbone annoncés par la Chine par exemple (à horizon 2060), le Japon (2050) et bien d’autres. Les Etats-Unis reviennent quant à eux dans la course, Joe Biden ayant annoncé le retour du pays dans le traité dès l’annonce de ses résultats et nommait pour la 1ère fois un représentant spécial du climat pour le pays en la personne de John Kerry. L’Angleterre a de son côté revu ses ambitions à la hausse et a relevé son objectif de réduction de ses émissions à -68%. Concernant l’Union Européenne, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont accordés hier matin sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990 (contre -40% actuellement).
De nouvelles contributions doivent être annoncées aujourd’hui lors du sommet organisé pour fêter les 5 ans des Accords de Paris. L’ensemble de ces annonces placent le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2,1°C, toujours selon Climate Action Tracker qui rappelle qu’« avant la COP21, nous nous dirigions vers un réchauffement compris entre +4 et +6°C. Après les engagements de 2015, nous étions passés à +3,7°C ».
Des intentions affirmées mais dans la réalité ?
Si les intentions sont ambitieuses et conduiraient sur la bonne voie, il existe toutefois un écart entre le discours et les actions de décarbonation qui sont insuffisantes à date pour être effectivement en phase avec les Accords de Paris.
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) constate en effet dans son dernier rapport annuel (sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions pour éviter les pires effets du changement climatique) que nous continuons de nous diriger vers une augmentation des températures supérieure à 3,2°C au cours du siècle actuel dans un scénario de « business as usual ». Rien qu’en 2019, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté à l’échelle mondiale pour la troisième année consécutive, marquant un niveau record…
Dans un « business as usual », à 2030, les émissions seront supérieures de 90% au niveau souhaité pour être sur la trajectoire 1,5°C et les Les Nations Unies avaient déjà alerté sur le fait qu’il fallait réduire les émissions mondiales de carbone de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030.
Dans la Mode, la dernière étude de McKinsey sur le sujet estime qu’il faudrait diviser nos émissions par 2 à horizon 2030 pour être en ligne avec la trajectoire 1,5°C. A date, nous sommes sur un trend de +4% par an malgré les opérations de décarbonation déjà initiées par le secteur.
Quelles perspectives?
Tout ceci n’est toutefois pas irréversible et les actions en faveur du climat doivent s’intensifier, de manière rapide, et se coordonner pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
Le rapport de Climate Action Tracker détaille un scénario dans lequel les nations augmentent leurs ambitions et leurs actions nationales de reprise verte, et dans lequel la coopération internationale pour une reprise économique à faible émission de carbone après la pandémie est renforcée. Dans ce scénario, les émissions annuelles mondiales sont 25% inférieures d’ici 2030 par rapport à 2025 – et il y a une probabilité de plus des deux tiers que le réchauffement sera plafonné à 2 ° C ou moins.
Il faut donc agir rapidement sur la question et embarquer plus largement sur le sujet. Les entreprises sont déjà nombreuses à s’inscrire dans une trajectoire de neutralité carbone à horizon 2030, notamment dans le secteur de la Mode où les initiatives et les engagements sur la question se multiplient.
Toutefois, ce qui est devenu incontournable pour les grandes entreprises ne l’est pas encore suffisamment pour les TPE/PME qui sont plutôt engagées sur d’autres sujets environnementaux tels que la gestion de leurs déchets ou leur consommation d’eau. Elles ont pourtant un rôle à jouer sur le sujet et doivent elles aussi s’en saisir et s’inscrire dans ce mouvement global.
Quelques conseils aux entreprises de la Mode qui veulent s’engager
- Pour agir, il faut d’abord mesurer ses émissions de gaz à effet de serre pour pouvoir ensuite mettre en place des plans de réduction puis mesurer leur efficacité.
- Les objectifs de réduction doivent être alignés sur la science pour pouvoir être compatibles avec les trajectoires de l’accord de Paris : trop d’entreprises posent encore des objectifs de réduction qui ne permettent pas d’atteindre la limitation des températures souhaitée (seulement 30% des objectifs définis par les entreprises sont en phase d’après l’étude de la Science Based Targets).
- L’objectif est d’abord de réduire au maximum ses émissions, puis en dernier ressort de les compenser : bien trop facile de continuer le « business as usual » et de compenser pour se donner bonne conscience et/ou verdir son image.
- Embarquer en interne les équipes : les collaborateurs seront acteurs des plans d’action. Ils ont besoin de comprendre le sujet (sensibilisation amont clé) et de savoir comment ils pourront contribuer à la feuille de route globale. Chaque métier à son rôle à jouer dans la démarche.
- Collaborer avec vos autres parties prenantes et notamment vos fournisseurs qu’il faut également embarquer sur le sujet. Pas si facile de réduire ses émissions quand on sait que l’essentiel provient de l’amont de notre chaîne de valeurs. Or c’est en amont que le potentiel de réduction du secteur est le plus important (60% de ce potentiel d’après l’étude de McKinsey).
- Allez plus loin : il est important de prendre part à ce mouvement global de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, mais il est également stratégique pour les entreprises de bien comprendre quel est l’impact du changement climatique sur leurs activités futures . Les effets sont déjà notables pour le secteur et les entreprises vont devoir s’adapter à ces changements et se transformer. Il en va de la résilience.
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